L’essentiel c’est d’apprendre à le maîtriser…

Une présentation à préparer dans les prochains jours, un discours de remerciement, de départ à la retraite, un pitch d’entreprise face à des investisseurs, ou bientôt le Grand Oral du Baccalauréat, vous allez pendant quelques minutes être sous le feu des projecteurs. Quelques minutes pendant lesquelles, vous serez le centre de l’attention. Quelques minutes qui vous paraissent déjà une éternité. Car vous n’êtes pas à l’aise avec cet exercice dont on sait qu’il peut être vite vécu comme traumatisant pour les uns, et perçu comme ennuyeux pour les autres.

Dans l’idéal, vous avez de l’aisance, une voix qui porte, pas de notes, un beau sourire, de la finesse d’esprit, pourquoi pas quelques traits d’humour, et vous imaginez même les applaudissements du public, les compliments à la fin sur votre éloquente prise de parole.

En réalité, vous savez d’avance que vous aurez des tremblements, des rougeurs, la gorge sèche, le cœur prêt à exploser, la peur de perdre le fil, d’avoir un trou de mémoire…. Celle de perdre l’audience, au mieux d’ennuyer, au pire de vous ridiculiser.

Comment faire pour apprivoiser notre trac ?

Afin de gagner en sérénité, et immanquablement de gagner en éloquence, le premier pas consiste à faire baisser le curseur du trac. Voici quelques astuces :

1/ Comprenez cette peur que nous partageons tous

Commencez par comprendre d’où elle vient. Tout le monde a le trac, petit ou grand, lors d’une prise de parole, et ce, quel que soit votre niveau de responsabilité, ou bien l’enjeu de la prise de parole. Cette peur est fortement ancrée en nous tous. Pourquoi donc ? Cela est lié à nos origines. Cela vient de loin. Notre peur du jugement, du regard des autres, était déjà bien présent il y a 2,4 millions d’années. Être mal vu par les membres de son clan pouvait mettre en péril notre propre survie. Et à cette époque, l’exclusion du groupe signait votre arrêt de mort. Comme la transpiration, la tachycardie, les tremblements, ces manifestations liées au stress sont un vestige de ces temps anciens. Or, vous en conviendrez avec moi, point de menace réelle aujourd’hui ! Mais comprendre que nous partageons tous cette appréhension permet d’emblée de se dire que c’est normal. Prendre la parole, c’est avant tout parler de soi. Cet inconfort et cette crainte seront plus ou moins grands selon la taille de l’enjeu, la taille de la salle, la taille de notre ego, la taille de notre confiance en soi…

2/   Croyez en la bienveillance de votre auditoire

Que ne s’imagine-t-on pas sur les intentions de nos interlocuteurs dans notre esprit souvent alarmiste ! Facile, de se faire des films catastrophes de ce qui pourrait arriver de pire. Avez-vous testé à quel point cette peur est réelle ou non ? Relativisez les scénarios catastrophes et soyez plus réaliste. Souvent des personnes que j’accompagne mentionnent les moqueries du public en cas de bafouillage, d’hésitations, de problèmes techniques qui pourraient surgir. Cette peur est infondée. Mettez-vous à la place de l’auditoire et demandez-vous quelle serait votre réaction si cela arrivait à quelqu’un d’autre ? Vous l’aurez compris, votre public est par définition bienveillant. Cela commence par vous-même ! Acceptez d’accueillir vos difficultés c’est aussi rester humain. 

3/    Soyez préparé pour être bon

On ne le dira jamais assez, maîtriser son trac, c’est avant tout maîtriser son sujet. Travailler sur le message, les idées mises en avant, leur agencement dans la structure du discours, la fluidité de l’ensemble. L’improvisation pourra s’y inviter selon votre inspiration du moment. Se préparer, c’est certes construire le message et le rendre cohérent avec le langage du corps si important. C’est également avoir réfléchi aux aspects techniques, opérationnels de la prise de parole : taille et disposition de la salle, fonctionnement du micro, du vidéoprojecteur / connexion internet, distance à l’écran, qualité du regard, dynamique de l’échange. Se préparer, c’est aussi et surtout s’entraîner. Réaliser des simulations filmées pour se voir à l’œuvre et pouvoir repérer les points forts et ceux à améliorer. Être clair pour être compris ne va pas de soi et nécessite un temps d’élagage car on voudrait être exhaustif. Une bonne préparation en amont fait baisser considérablement le niveau de stress.

4/    Oubliez le nombre 

À l’aise devant une poignée de personnes, stressé devant un grand nombre ? Pour certains cela peut être l’inverse, croyez-moi. Dans les deux cas, restez concentré sur le message, sur la raison de votre présence ce jour-là devant ces personnes-là à ce moment-là, à cet endroit-là. Le sens que cela a pour vous. Peut-être l’aboutissement de longs efforts, seul ou en équipe. Face au public, je vous conseille de passer en mode « miope » : soit fixer personne en particulier, et balayer votre auditoire du regard, soit si cela vous aide davantage, fixer une ou deux personnes que vous connaissez, ou qui vous semblent sympathiques. Le nombre ne fait pas la différence. Ce qui fait la différence, c’est d’arriver à créer un lien avec votre public.

5/     Créez le lien 

Être présent, ici et maintenant, en contact avec le public, être attentif à son attention, sa qualité d’écoute, aux expressions, et réajuster si nécessaire. J’ai assisté il y a peu à un discours d’un homme public à la fin d’une journée de réflexion collective. Le public était nombreux, les personnes fatiguées mais ravies d’avoir pu mener une réflexion ensemble, d’avoir pu poser des questions à des experts, échanger, travailler en petits groupes. Le discours de cet homme était certes préparé, construit, mais il est passé à côté…. Ses paroles tombèrent alors dans le travers d’un langage maniant belles phrases, beaux concepts, mais pas de lien. Au bout de dix minutes, il nous avait perdus. ce discours aurait tout autant pu être prononcé autre part, face à un autre auditoire, car il manquait la connexion avec ce qui s’était déroulé dans la journée, avec l’ici et le maintenant, avec les autres. Votre prise de parole doit être un message à délivrer à des personnes dont vous vous devez de connaître les attentes, le niveau de connaissances, les éventuelles résistances, les interrogations par rapport à votre sujet. Créer le lien, c’est avant toute chose bien connaître son auditoire.

6/    Soyez vrai 

Là on a à affaire au registre de l’invisible. De l’invisible mais ô combien palpable qui est l’authenticité. Oui, cette cohérence entre ce que vous voulez dire et ce que vous êtes. Si vous êtes connecté à ce que vous avez à dire, vous allez expérimenter la magie qui s’opère en qualité d’écoute de votre auditoire. Pourquoi parlez-vous ? Quelle est votre intention ? Gardez cela à l’esprit au moment de démarrer. Pourquoi êtes-vous là devant ces personnes là? C’est la question du sens, qui confère toute sa beauté et sa puissance à l’instant, balayant toute crainte. Manière efficace de toucher au cœur de votre auditoire.

7/     Respirez, toujours !

De nombreux avantages ici à respirer avant, pendant et forcément après, lorsque vous soufflerez de soulagement ! En vous tenant bien droit, vous libérez votre colonne d’air, oxygénez votre corps et surtout votre cerveau qui gagne en vigilance et performance, votre voix, portée par votre souffle, se fait entendre, vous vous détendez. Plusieurs trucs là aussi : vous pouvez pratiquer des exercices de cohérence cardiaque qui, par la respiration, en régulant la fréquence de votre cœur, libèrent dopamine et sérotonine. Ces hormones permettent d’obtenir les effets inverses du stress. Vous sentirez une détente rapide. À pratiquer, plutôt assis, les pieds au sol bien à plat. Cinq minutes trois fois par jour pour en prolonger les effets bénéfiques. Et bien entendu à refaire un peu avant votre prise de parole ! (Applications Respirelax/ CardioZen…). Les exercices de médiation sont également efficaces pour bien maîtriser son trac.

Passé ce premier pas, que vous prépariez une présentation, un discours, un oral d’appel d’offres, seul ou à plusieurs, votre parole reste à construire !