Dans le cadre d’un concours, d’un oral d’entrée dans le supérieur, d’un entretien de motivation, nombreuses sont les occasions que l’on peut avoir manquées faute d’une bonne préparation.
Si l’éloquence est un art, la préparation est la clef.
Convaincu oui, mais pas convainquant !
Si la motivation est là,
Si les idées sont riches et nombreuses,
Si vous êtes convaincu que vous êtes le bon candidat,
Vous ne serez pas forcément clair, concis, convaincant le jour de votre entretien.
Or il est bien question de cela et rien que de cela. J’ai eu l’occasion en tant que juré aux épreuves orales de concours, de constater (parfois avec peine je l’avoue), qu’un candidat convaincu n’est pas forcément convaincant. En effet, motivation, arguments, restent souvent insuffisants pour fournir une prestation à la hauteur.
Or le jury en face de vous doit avoir la certitude que vous correspondez à ses attentes et donc à celles de l’école, de l’entreprise, de l’organisation que vous souhaitez intégrer.
En effet, le jury doit pouvoir appréhender vos qualités humaines et pas seulement vos compétences et connaissances techniques. Voir « des étoiles » dans vos yeux lorsque vous évoquez ce que vous aimez, ce qui vous fait vibrer et pour quelles raisons c’est là et pas ailleurs que vous souhaitez vous réaliser.
Le jury va se demander si vous êtes légitime et crédible pour le poste ou la place que vous visez, ce qu’Aristote, père de l’art oratoire (ou rhétorique) appelle l' »Ethos », et qui renvoie à l’image que vous donnez de vous-même.
Il va rechercher de la cohérence, de la logique dans votre discours, le « Logos » et qui repose sur la « dispositio » c’est-à-dire sur l’enchainement des idées principales de votre présentation.
Enfin, il doit être non pas convaincu mais persuadé par votre prestation, parce que vous aurez su faire appel aux émotions. Les vôtres, mais aussi celles de vos interlocuteurs. Oui, elles ont toute leur place et contribuent à votre éloquence. Il s’agit du « Pathos » qui transparaît pour beaucoup dans votre langage non verbal : ton, débit, gestes, mimiques, regard…
Ethos, Logos, Pathos trois piliers de la rhétorique à garder en tête avant, pendant et après votre prestation.
Principales maladresses et autres faux pas
Balayons ensemble les principales maladresses constatées durant cet exercice à fort enjeu. La liste n’est bien entendu pas exhaustive :
- les mots sortent emmêlés,
- les idées s’embrouillent parasitées par le trac,
- vous perdez le fil de votre message,
- vous manquez d’éléments pour fournir la preuve de vos compétences et de vos qualités,
- vous n’avez pas les mots pour dire toute votre motivation,
- vous avez oublié des questions à poser,
- vos réponses sont trop longues,
- vous ne regardez pas suffisamment vos interlocuteurs,
- vous bafouillez,
- vous êtes pris au dépourvu par une question, une remarque
- l’ensemble manque de clarté
Certaines personnes sauront être à l’aise avec cet exercice, et se prépareront seules. D’autres auront besoin d’un coup de pouce pour réaliser un coup de maître le jour de l’oral!
Ils savent ce qu’un regard extérieur peut apporter de recul, d’exigence.
Ils viennent chercher des conseils avisés, des astuces pour mieux gérer leur trac, garder confiance en eux, savoir puiser en leurs propres ressources, être à l’aise dans la construction de leur parole et donc de leur pensée.
Ils finissent par maîtriser l’exercice en s’entrainant, en opérant des réajustements, fruit d’une maturation nécessaire et bénéfique.
Les cinq ingrédients de l’éloquence
Que retenir alors d’important en matière de prise de parole réussie?
De mes accompagnements, j’en retiens cinq principaux, que voici :
- la confiance : vous êtes confiant parce que vous connaissez vos forces et vous savez les mobiliser
- la clarté : vous savez dire l’essentiel dans un message clair et structuré
- la singularité : votre parole est singulière car elle vous ressemble
- la relation : vous êtes à l’aise dans l’échange et savez créer un lien
- l’effet : votre présentation est remarquable
Si nous ne sommes pas tous égaux face à la prise de parole en public, en termes de degré de confiance, de maîtrise des mots, d’agilité mentale, l’éloquence est aussi une technique. En cela, elle demande une préparation et de l’entrainement.
J’ai récemment accompagné un cadre de plus de cinquante ans (donc encore jeune !) qui souhaitait « changer d’air ». Aller voir ailleurs, dans une autre organisation, plus grande, avec davantage de responsabilités à la clef, des enjeux d’une autre dimension, la possibilité de nouvelles collaborations, celle de relever de nouveaux défis, proches de ses valeurs.
Pourquoi donc quitter le confort d’un poste maîtrisé, où l’on jouit d’une image d’expert avéré et de bonnes relations professionnelles ?
Pour se dépasser, se mesurer, s’enrichir, déployer de nouvelles capacités, continuer de se surprendre et de se découvrir, pour se sentir vivant tout simplement !
Alors oui, il avait besoin d’un coup de pouce pour gagner en clarté en lui et dans ses propos, anticiper les attentes de ses interlocuteurs. Il avait besoin aussi de sonder ses motivations les plus profondes, de vaincre quelques peurs et finir de balayer certains freins. C’est tout ce travail de co-construction, de questionnement, de simulations, qui lui a permis d’atteindre son objectif, et de l’emporter haut la main !
Au-delà de l’épreuve, il s’agit de réunir toutes les conditions d’un échange de qualité, vivant. Il s’agit ensuite de conserver en soi cette belle réussite et savoir capitaliser pour d’autres occasions !
Car des occasions, il y en aura d’autres….