Augmentation des relations dégradées,
voire des comportements hostiles,
symptômes d’une réelle souffrance au travail

L’enquête SUMER 2016-2017 coordonnée par la Dares (Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques) et par la DGT (Direction générale du travail), assure une veille en matière d’exposition des salariés et agents aux Risques Psychosociaux.

En suivant l’évolution depuis 1994, deux choses sont à noter :

On assiste dans le même temps à un glissement, voire à une euphémisation des terminologies concernant la souffrance au travail :  on est passé de « pathologies liées au travail », aux « risques psychosociaux », à la « qualité de vie au travail », voire au « bonheur au travail ».

En parallèle, nous voyons apparaître un réel engouement au sein des entreprises pour des actions qui visent à plus de bonheur : aménagement d’espaces ressourçants voire ludiques, apparition des « Chief Happiness Officers », autre signe des temps.

D’aucuns diront que l’évolution des termes employés, la tendance à « l’Happycratie » révèlent un déni de la souffrance au travail.

D’autres indiqueront que tout ceci nous amène à revenir à l’essentiel : l’humain qui, ne l’oublions pas, reste le facteur de production du travail et de sa valeur.

OR l’injonction « Soyez heureux travail !!» ne fonctionne pas.

Preuve en est le nombre de formations, de coachings qui nous font croire que deux, trois jours de Lego et autres jeux en équipe suffisent à faire rentrer dans l’ordre ce qui n’allait pas.

Les Lego c’est sympa, mais ça ne suffit pas

Comment, en vivant une bulle certes sympathique et rafraichissante de plaisir en équipe, pourrait-on amorcer un quelconque changement, vers un mieux-être ?

Qu’en est -il du système, de l’organisation elle-même qu’il s’agit de questionner ?

Des valeurs qui la sous-tendent ?

Du sens du travail ?

Je me souviens encore d’une entreprise qui, souhaitant résoudre des conflits importants dans un de ses services et renforcer la cohésion de l’équipe, avait opté pour une journée de jeux, de type « escape game », « paintball » etc….. sans pour autant traiter le sujet de fond : la relation entre les personnes, la compréhension de leurs conflits, la recherche de pistes d’amélioration.

Si des employés heureux sont plus performants comme nous le démontrent les nombreuses études à ce sujet, n’oublions pas que leur bien-être est aussi une conséquence de conditions existantes en amont !

Ce qui revient à se poser la question cruciale et pleine de bon sens :

Qu’est-ce qui pourrait contribuer à une meilleure qualité au travail et quelles sont les conditions matérielles, organisationnelles et humaines dans lesquelles celui-ci se réalise ? Et si on le leur demandait ?

Plutôt que de parler de bonheur, par définition abstrait, mettons l’accent sur ce qui pourrait concrètement, dans le quotidien du travail, améliorer le vécu des personnes.

Pour cela, questionnons-les, rencontrons-les sur leur terrain, comprenons leur quotidien, et surtout, ne les sous-estimons pas….

Ne les sous-estimons pas dans leur capacité à APPRENDRE, à s’outiller intellectuellement et pratiquement en matière :

En bref, si les solutions sont à chercher du côté des organisations et de leur fonctionnement, il est tout aussi URGENT d’accompagner les personnes à accroître leur capacité d’analyser les situations, et donc à agir et moins subir leur quotidien, de renforcer leurs compétences relationnelles dans le respect que l’on se porte à soi et aux autres, afin d’œuvrer ensemble vers un but commun.

Enfin, pour faire écho à l’enquête SUMER, c’est en adoptant une approche systémique des organisations, qui questionne celles-ci, ainsi que le sens du travail, c’est en menant des actions d’accompagnement et de formation des personnes « à tous les étages », que les tendances des incivilités et de l’agressivité dans les organisations pourront être infléchies.