Comment un petit traité paru en 1771, sur la mesure et l’art de se maîtriser en public a-t-il pu traverser les siècles ?
Sans doute parce qu’il est question de la relation à l’autre et du bon usage des mots, si et seulement si ils valent la peine d’être dits. Ce petit traité écrit par l’Abbé Dinouart évoque en effet l’art de parler à propos.
La parole, omniprésente dans nos sociétés modernes, démultipliée par les réseaux sociaux, celle des experts en marketing, celle des faiseurs de troubles, de fausses nouvelles, la parole de l’inutile aussi et du superficiel parfois, la parole donc, prend toute sa force et sa valeur lorsqu’elle devient plus rare et que les mots sont pesés.

Petit extrait à méditer :
« Le premier degré de la sagesse est de savoir se taire ; le second, de savoir parler peu, et de se modérer dans le discours ; le troisième est de savoir beaucoup parler, sans parler mal et sans trop parler. »
En matière d’éloquence, l’art de bien dire passe donc par celui de se taire ….
En effet, se taire permet d’accéder à la pensée, à la réflexion qui mèneront au choix des mots justes, à la logique d’un discours et d’un langage du corps, à un message qui n’atteindra sa pertinence, son efficacité, que lorsqu’il aura atteint le cœur et la raison de l’autre.